12/6/03

Féminisme latinoaméricain: Entre l´insolence des luttes populaires et la modération de la institutionalisation

"Choisir entre la modération et l´insolence a à voir
avec des stratégies politiques (...) L´exigence depuis la domination
des "bonnes manières" va au déla d´une exigence de politesse,
c´est une manière plus frequante, au contraire,
d´imposer de la inautenticité au rebelle, de lui faire renoncer à
sa contre - culture, à son ilégalité et à son contre - langage"

Julieta Kirkwood, 1990


A la fin des années soixante, une nouvelle génération de jeunes femmes ont provoqué les mouvements féministes dans les grandes métropoles des Etats - Unis et de l´Europe qui on a connu comme "la deuxième vague". Influenciées par ces expériences et par le contact avec la littérature qui provenait des pays centraux, beaucoup de latinoaméricaines - en essence des classes moyennes - ont commencé la formation de groupes de reflexion - conscientiation - et d´activisme pour les droits des femmes. Mais l´ensemble du mouvement n´atteignait jamais la massivité qu´il avait dans les pays centraux. "Au début, elles étaient des femmes des classes moyennes; une partie significative provenait de la vaste source de la gauche, confrontant rapidement avec elle par la résistence à assumer un regard plus complexe des multiples subordinations des personnes et les subordinations spécifiques des femmes" (Vargas, 2002).
Ces groupes surgissent dans le cadre d´une radicalisation aïgue de la lutte de classes que, dans le continent, s´est manifestée par la montée ouvrière et populaire dont les expressions les plus remarquables étaient les "cordones industriales" au Chili, les semi - insurrections à Córdoba, en Argentine, les mobilisations des étudiants au Mexique, dont Tlatelolco peut être considéré l´experience la plus aïgue, et l´entrée en scène des nombreux mouvements de guerrilla urbaine et paysanne[1]. Les groupes féministes, donc, sont impliqués rapidement à la lutte de classe aïgue dans le continent, qui exigeait des définitions et des compromis. Comme Leonor Caldera affirme, dans son histoire du féminisme argentin: "Dans le sens des affrontemments, la marée des partis qui nous entourrait n´a cessé de frapper fortement à l´intérieur du groupe: nous reproduisions les vieux antagonismes traditionnels et nous inventions des autres. Les analyses prenaient de moins en moins la femme comme l´axe et se déplaçaient ves des schémas de classe" (Calvera, 1990).
Cependant, vers la moitié des années soixante - dix, la défaite de cette montée à travers la sanglante contrerrevolution dans les pays latinoaméricains ouvrit la voie à une nouvelle offensive impérialiste dans la région, plus tard connu avec le nom de "néoliberalisme".
Les régimes dictatoriaux qui se sont établit dans une grande partie du continent empêchaient le développement du mouvement féministe, non seulement par l´installation d´une idéologie réactionnaire basée sur la défense de la tradition et de la famille, mais aussi par la persecution politique et le térrorism d´Etat, avec ses conséquences de torture, éxiles forcés, emprissonements, disparitions et assassinats des activistes sociaux, syndicaux et politiques.
La polarisation social de nos pays se traduisait aussi par les visions qu´on avait sur le féminisme: la droite considérait les féministes comme subversives et contestataires; la gauche, au contraire, les considérait comme "petites - bourgeoises".
Si quelques groupes ont fait quelques actions durant les régimes totalitaires et d´autres femmes ont tenu des réunions de reflexion et étude dans un climat d´hostilité, c´est vrai que le mouvement féministe a recuperé du protagonisme au début des années quatre - vingt, à la chute des dictatures et après l´instauration des nouveaux régimes démocratiques dans la région. La dictature a réussi à couper, dans une grande mesure, les fils de continuité avec l´étape antérieure. Beaucoup de questions initiales du féminisme des années soixante - dix sont revenues à se discuter. Dans un certain sens, les années de la terreur ont obligé aux féministes à "recommencer", une fois installés les régimes démocratiques.
Cette histoire récente des derniers vingt ans du féminisme latinoaméricain est croisée par nombreuses discussions politiques et théoriques. Cependant, bien que les documents des "Encuentros Feministas de Latinoamérica y el Caribe" sont disponibles, et que les protagonistes remarquables du mouvement ont écrit diverses "histoires" partielles de sa propre pratique colective, il n´existe pas une histoire critique du féminisme latinoaméricain qui tente de lier les discussions politiques et théoriques, leurs fragmentations, leurs accords et leurs désaccords, leurs alliances, leurs ruptures et les nouvelles pratiques à la situation de la lutte de classe dans le continent pendant la même période, dans laquelle plusieurs fois les femmes sont les protagonistes incontestables.
Leur réalisation dépasse les limites et les possibilités de cet article. Néanmoins, nous croyons nécessaire reflechir sur la pratique féministe et les périodes dans laquelle se développe, en incorporant un analyse de la politique de l´impérialisme vers notre continent, les régimes, les divers fluxs et refluxs de la lutte de classe, et leur rapport avec l´oppression des femmes latinoaméricaines. Considérant que l´objectif qu´on devait se tracer pour cette révision critique devrait être la construction d´un mouvement féministe qui reprenne l´histoire et les leçons, et qui soude son destin avec les meilleures traditions des batailles contre l´oppression patriarcale - d´une manière pratique et effective - avec celui des millions de femmes ouvrières et paysannes qui luttent contre l´exploitation dans ce continent, permanentement expolié et asservi.

Féminisme, démocratie et droits humains

"Démocratie dans le pays et dans la maison"
Féministes chiliennes, années quatre vingt.


Dans les années quatre vingt, la défaite de l´Argentine dans la guerre de Malvinas en 1982 avait agi déjà comme un disciplinnateur pour le continent et tout le monde semi - colonial. La leçon appris était qu´on ne peut pas confronter avec l´impérialisme, que celui - ci était invincible. De plus, la guerre sale de la "contra" disposée par les Etats - Unis en Nicaragua et la capitulation et la cooptation des directions des armées guérrilleros de la région à travers les pactes et les accords ont désarticulé la révolution en Amérique Central. Ils ont fini de fermer le cercle de cette offensive impérialiste, qui a fragmenté et est resté sur la défensive au mouvement ouvrier et populaire.
Ces "transitions à la démocratie" se sont produit sur le toile de fond de la terreur semée par les dictatures militaires et la défaite de Malvinas, asestée par l´impérialisme. La "démocratie" est devenue la politique privilegiée de l´impérialisme américain vers notre continent, comme une réponse defensive face à l´emergence de la mobilisation indépendente des masses contre les mêmes régimes dictatoriaux, lesquels étaient profondement discrédités.
A l´issue des dictatures, les démocraties du continent ont été les régimes politiques qui ont garanti l´application des plans économiques, laquelle signifiait la perte des énormes acquis du mouvement de masses. Avec sa désinvolture caracteristique, l´idéologue de l´impérialisme Henry Kissinger affirme dans son libre "La diplomatie":
"Les Etats - Unis n´attendraient pas passivement l´évolution des institutions libres, ni se limiteraient pas à résister les menaces directes à sa sécurité. Au revanche, ils stimuleraient activement la démocratie, récompensant les pays qui accomplissent leurs idéaux et punissant ceux qui ne les accomplissent pas (même s´ils ne constituaient pas un défi ou une menace pour les Etats - Unis). (...) Et l´équipe de Reagan fut cohérent: il fit pression sur le régime de Pinochet au Chili et sur le régime autoritaire de Marcos au Filipinas, pour une réforme; le premier fut contraint d´accepter un référendum et des élections libres, où il a été remplacé; le deuxième a été renversé avec l´aide des Etats - Unis"[2].
Pendant la période répressive et particulièrement, pendant les premiers ans de la démocratie, les groupes des droits humains ont joué un grand rôle dans notre continent. Ces mouvements, organisés pour denoncer les tortures, les disparitions et les crimes des dictatures, avaient comme protagonistes fondamentales des femmes (mères, grand - mères, veuves). D´une part, le fait d´être les femmes la tête visible de ces denonces et les luttes posterieures pour la punition des responsables du terrorisme d´Etat, et d´autre part, la politique - surtout des Etats - Unis - de privilegier les droits humains dans l´agenda internationale, ont été deux éléments clés pour comprendre le changement produit dans le langage et les formes du réclame féministe.
Le rapprochement militant des féministes, beaucoup d´elles revenues de l´exile, aux femmes qui, même dans les régimes de la terreur se sont déjà organisées pour le réclame de leurs membres de famille disparus, emprisonés et torturés, et les termes "Démocratie et Droits Humains" instalés à l´agenda publique ont permit le transvasement des demandes féministes à un langage en termes nouveaux, à travers la politique partidaire, les organismes internationaux et les groupes de travail locaux. C´était la période des acquis de droits civils fondamentaux, lutte dans laquelle le féminisme a eu un compromis évident: le divorce vinculaire, la patria potestad partagée, les lois rélatifs à la violence domestique, des aspects partiels rélatifs aux droits sexuels et à la santé réproductive, etc.
Dans les années quatre - vingt, beaucoup de groupes qui ont été constitués à l´étape antérieure, se sont dissout maintenant, d´autres ont commencé à se constituer récement au moment de l´ouverture démocratique et sous l´influence des luttes pour les droits humains et l´élargissement des droits civils. En comparaison avec la période du début des années soixante - dix, dans ce surgissement du féminisme dans le continent on voit une rédéfinition des rapports avec l´Etat, avec les partis politiques et avec le reste des organisations sociales. Les féministes ont inclu leurs réclames particuliers dans cette situation, commençant la création de groupes nouveaux, faisant pression aux politiciens et aux députés, exigeant à l´Etat des lois nouvelles qui tiennent compte des demandes fondamentales jamais résolues.
De plus, à partir de 1981, les Rencontres Féministes de Latinoamérique et le Caraïbe se succèdent, et chaque deux ou trois ans les féministes du continent se rassemblent pour réflechir politiquement sur la situation du mouvement et l´élaboration de nouvelles lignes d´action[3].
Cependant, l´académisation, l´incorporation aux institutions des régimes politiques et aux divers postes du gouvernement et la "cooptation aux ONG´S" (Bellotti et Fontenla, 1997) sont les opérations les plus importantes qui commencent a réconfigurer le mouvement féministe dans cette période, produisant aussi, de même qu´une multiplicité de nouvelles expériences, d´actions et de savoirs, sa fragmentation naissante et sa croissante cooptation. Durant cette période, le féminisme latinoaméricain a commencé à parcourir le chemin de l´insubordination à l´institutionnalisation (Collin, 1999).
Les critiques et les différences par rapport aux conceptions théoriques, aux fondements et aux pratiques à l´intérieur du propre mouvement féministe ne tardent pas à apparaître. La scission entre "autonomes" et "institutionnalisées" est une des expressions plus aïgue de cette critique à l´intérieur. Mais cet extrême de la situation de tension de presque une décade, entre deux ailes du mouvement qui s´est produit dans le 7º Rencontre réalisé en Cartagena en 1996, ne fut que le couronnement d´un long processus de discussion à l´intérieur du mouvement, dont l´origine peut se situer dans le propre 1º Rencontre à Bogota.
Au début, la question de la "double militance" comprise, d´un côté, comme le compromis avec le féminisme et de l´autre, avec les organisations ou les mouvements politiques non spécifiquement féministes, a été l´un des débats fondamentaux (Vargas, 2002). Les rencontres qui se sont prolongés pendant les années quatre - vingt ont été signés par ces discussions: en plus de la double militance, les appartenances aux différents courants dans le féminisme qui exprimaient des différentes héritages idéologiques et politiques; la discussion sur la pratique des groupes d´auto - conscience ou celle de "mener" la conscience à d´autres groupes de femmes des secteurs populaires, etc. Bedregal signale sur ce sujet:
"Tout cela était de manifestations et d´expressions de conceptions politiques différentes, exprimées depuis la 1º Rencontre, c´était la lutte politique des projets politiques et philosophiques, mais ils se cachaient sous une homogénéité apparente et derrière le désir d´une sorte de fraternité romantique des femmes, qui nous a difficulté toujours nous reconnaître, au délà du discours déclaratif, comme différentes, pensantes, et agissantes des projets divers et derrière une identité de genre plus facilement centrée comme victimes du système patriarcal que comme constructrices de nouvelles cultures" (Bedregal, 2002).
Les années quatre - vingt ont comme couronnement la 4º Rencontre qui a eu lieu à Taxco, au Mexique, où un groupe de femmes élabore un document critique dans lequel, avec perspicacité, on décrit les "mythes" du mouvement féministe qui, selon les signantes, empêchent un développement du mouvement. Ce document a un grande répercussion. On manifeste que "le féminisme a un long chemin à parcourir puisqu´il aspire réellement à une transformation radical de la société, de la politique et de la culture. Aujourd´hui, le développement du mouvement nous mène à penser de nouveau quelques catégories d´analyse et les pratiques politiques que nous avions". Plus tard, le document énonce les "mythes" qui empêchent la valoration des différences à l´intérieur du mouvement et qui rendent difficile la construction d´un projet politique féministe. Ils sont: 1. Les féministes ne s´interessent pas pour le pouvoir, 2. Les féministes font "de la politique" autrement, 3. Toutes les féministes sont égales, 4. Il existe une unité naturelle par le fait unique d´être femmes, 5. Le féminisme ne existe que comme une politique de femmes vers les femmes, 6. Le petit groupe c´est le mouvement, 7. Les espaces de femmes garantissent de soi - mêmes un processus positif, 8. Puisque moi, femme, je le sens, il vaut, 9. Le perssonnel est automatiquement politique et 10. Le consensus est de la démocratie. Pour conclure que "Ces dix mythes ont créé une situation de frustration, d´autocomplaisance, d´affaiblissement, d´inéficacité et de confussion qui est remarqué par beaucoup de féministes et qui est reconnu comme existante et comme présent dans l´immense majorité des groupes qui aujourd´hui font "de la politique féministe" en Amérique latine".
Puis, elles proposent aux féministes latinoaméricaines: "Nous ne devons pas nier les conflits, les contradictions et les différences. Il faut que nous soyons capables d´établir une éthique des règles du jeu du féminisme, réussissant un pacte entre nous, qui nous permet d´avancer sur notre utopie, de développer en profondeur et en ampleur le féminisme en Amérique latine"[4].
Les mythes qui sont dénoncés dans le document de Taxco empêchaient le développement des discussions politiques les plus profondes, tandis que le mouvement s´est constitué d´une manière qui n´inclue pas à toutes, et malgré cela, ne pouvait pas être critiqué. Cependant, malgré le retentissement que le document avait réussi, les mythes se sont maintenus dans une grande partie du mouvement, même à nos jours. Depuis longtemps après, les féministes autonomes de l´Argentine écrivaient sur les mécanismes dont on essaie de freiner n´importe quelle tentative de critique sociale à l´intérieur du mouvement:
"Tout analyse qui remet en cause les "démocraties réellement existantes" pretendait être clausuré avec cet appel à deux options uniques, apparement excluantes [démocratie ou dictature, N. de R.], un recours antidémocratique qui est utilisé par les gouvernements de nos pays pour paralyser et discréditer toute critique ou toute mobilisation sociale comme "destabilisateures" et conduisantes vers le passé de coups militaires et de génocides. Il semblerait que ces démocraties constituent un point d´arrivée et qui, tout au moins, il faut les perfectionner un peu, et il faut les incorporer la "perspective de genre", c´est - à - dire, l´inclusion de quelques femmes dans l´excluant modèle patriarcal capitaliste et néoliberal" (Fontenla y Bellotti, 1997).
A la fin des années quatre - vingt, on avait déjà remarqué les problèmes qui empêchaient, selon quelques féministes, l´avance du mouvement féministe dans le sens d´une "transformation radical de la société, la politique et la culture". Les divergences qui ont été esquisées, malgré la tentative de homogénéisation, d´obturation de la critique et de "romantique fraternité" ont devenues plus ineluctables, face à l´apparente inévitabilité de la vague de licenciements, de privatisations et à l´attaque au niveau de vie des masses dans notre continent.
Pendant ce temps, les organismes internationaux ont aussi perçu l´ineluctable: probablement, l´attaque éveillerait la riposte de ceux et de celles qui ont tout perdu. La gouvernabilité était, donc, le nom que les technocrates ont trouvé face le problème à venir. La gouvernabilité, qu´on peut traduire comme l´ensemble de conditions nécessaires pour soutenir le processus de réformes, évitant l´irruption du mouvement de masses, y compris la nécessité d´établir des rapports "fructueux" avec les mouvements sociaux et leurs organisations pour le développement soutenable.

Féminisme, financement et institutionnalisation croissante

"Tandis qu´une partie du féminisme s´intérrogeait,
individuellement et confortablement, asseyée sur le fauteuil
"qui est moi?", et une autre partie cherche la réference nécessaire
pour une note à pied de page
qui donne crédit à son travail comme fiable (...)
voilà que le monde éclate de pauvreté:
des millions d´enfants, nés de femmes,
se montrent à un modèle de société qui leur retient
un berceau d´épines"

Victoria Sau Sánchez, 2002


Les années quatre - vingt - dix ont commencé par la défaite d´Irak dans la Guerre du Golfe dans les mains d´une énorme coalition militaire des puissances impérialistes, ce qui, à la fois, a permis de redoubler l´attaque sur le reste du monde semi - colonial. On a approfondi "l´ouverture" des économies aux monopoles internationaux et la transformation de nos pays en "marchés émergentes", qui n´ont servi qu´à l´"émergence" rapide des capitaux "hirondelles".
Accompagnant les privatisations des services de l´Etat, l´augmentation du chômage, et la précarisation du travail, tant la Banque Mondiale que les autres organismes financiers internationaux ont commencé à se poser de réformes des objectifs et des rapports avec les organisations sociales. De quelque manière, anticipant les conséquences négatives produites par leurs propres recettes, qui ont augmenté l´ajustement, et donc, la pauvreté dans toute la région. Le souci des organismes multilatéraux est centré sur la gouvernabilité et la contention social, s´anticipant à la possibilité de réponse de la part du mouvement de masses, face à la croissante flexibilisation du travail, à la réduction du dépense public et à la dérégulation des marchés, etc.
Lors que la plupart du programme "néoliberal" est déjà imposé, la Banque Mondiale a privilegié le financement des programmes sociaux sous la devise de la participation et la transparence, en se réappropriant des discours critiques sur sa propre mise en marche. Les organisations non gouvernamentales ont été les éxecutrices privilegiées de leurs projets d´assistence focalisés.
La Banque Mondiale, comme le reste des agences de financement, ont joué, dans cette période, un rôle politique et idéologique très important par rapport au contrôle social. Les intellectuels, gauchistes auparavant, ont devenus des technocrates progressistes, assumant la responsabilité de collaborer dans ces projets de gouvernabilité, de développement soutenable, etc. Ces "post - marxistes", en gérant les ONG´S n´ont coopéré pas à réduire l´impact économique d´une manière substantielle, mais ils ont beaucoup aidé à détourner à la population de la lutte pour leurs droits (Petras, 2002).
La cooptation a des chiffres incontestables: selon les reinseignements de la OECD, en 1970, les ONG´S ont perçu 914 millions de dollars; en 1980, la chiffre est montée à 2.368 millions de dollars et, en 1992, est environ de 5.200 millions. Pendant vingt ans, l´argent destiné aux ONG´S a augmenté plus de 500%! A ces chiffres, on doit aditionner les allocations données par les gouvernement "du nord", qui ont disposé 270 millions pendant la moitié des années soixante - dix, pour augmenter la chiffre à 2.500 millions au début des années quatre vingt dix. En somme, les statistiques de la OECD parlent d´un apport de l´Etat et privé aux ONG´S d´environ de 10 millards de dollars, ce qui répresent un quart de l´aide bilatérale globale[5].
Les années quatre vingt dix - l´époque de privatisations, d´augmentation du chômage dans tout le continent et de "rapports charnels" des gouvernements latinoaméricains avec les Etats - Unis - n´ont été pas une étape fructifère pour ceux qui ont décidé de maintenir leur autonomie financière, politique et idéologique. Beaucoup de féministes, qui avaient un certain prestige dans le mouvement, avec des connaissances spécifiques et une trajectoire dans la revendication des droits des femmes, ont fait partie de cette technocratie qui s´est ralliées aux organismes multilatéraux, aux agences de finacement, à la Banque Mondiale et aux milliers d´ONG´S, qui sont devenues aussi les plate - formes pour le lancement de leurs carrières personnelles. D´autres se sont maintenues à côté des financements et elles ont fortement critiqué ces tendances, mais leurs avis sont resté minoritaires et leur lutte - bien que revendicable - ne fait qu´un écho dans le vide qui les entourrait.
Les féministes autonomes de ATEM[6] ont dénoncé le processus de cooptation des ONG´S de la manière suivante:

"La plupart de ces ONG´S, formées par de techniques et de professionelles, travaillent avec les femmes des "secteurs populaires" des quartiers pauvres. Elles se présentent comme les médiatrices entre les agences de financement et les mouvements de femmes et elles formulent leurs programmes, donnant des services qui vont depuis d´ateliers et classes de toute sorte jusqu´à la distribution des aliments, l´organisation de ollas populares, la planification familiale (contrôle de la natalité), etc. Ce rapport, qui comprend des différences de classe, de pouvoir et d´accès à la gestion des ressources, entraîne des rapports hiérarchiques et des tensions entre les femmes des ONG´S et celles du mouvement dont elles travaillent, outre de concurrences entre les professionnelles au sujet des financements". (Fontenla, Bellotti, 1999).

Le néolibéralisme, à travers ceux - ci et autres mécanismes, a dépolitisé les mouvements sociaux (y compris le féminisme). Comme beaucoup de féministes autonomes ont remarqué, on a confondu les ONG´S avec le mouvement même, avec leurs projets financiés et on a confondu leurs travaux rémunérés avec d´"actions" comme s´il s´agissait des mêmes actions que les mouvements réalisent, tels que des réclamations, des exigences et des dénonces dans la lutte pour un changement radical. En somme, les politiques néolibérales, qui ont commencé pendant les années quatre - vingt, ont fait que le mouvement féministe soit fragmenté et soit privatisé. (Fontenla, Bellotti, 1999).

Féminisme, femmes et lutte de classes

"Je crois que la femme peut. Elle peut faire plus que laver et repasser
et faire de la cuisine à la maison pour ses fils. Je crois que cela est vrai.
Je le sens maintenant et je le vis. J´ai découvert mon côté endormi,
et maintenant qu´il s´est réveillé, je ne pense pas arrêter".

Celia Martínez, ouvrière de l´usine Brukman, 2002

Dans notre continent latinoaméricain souffrant, l´avortement clandestin reste la première cause de mort maternel: ce sont 60.000 les femmes qui meurent par an par des complications liées aux avortements incertains. Au contraire de ce qu´on peut imaginer, au début du XXI siècle on vit une attitude de plus en plus béligerante du fondamentalisme catholique, en alliance avec les Etats et le pouvoir politique, contre les droits sexuels, reproductifs et le droit au avortement, tandis que on découvre de plus en plus des cas d´abus sexuel contre les enfants, les filles et les jeunes, menés par les membres de l´Eglise.
D´autre part, l´Amérique Latine et le Caraïbe ont les plus hauts indices de violence contre les femmes: l´homicide répresent la cinquième cause de mort, le 70% des femmes souffre de la violence domestique et le 30% a rapporté que sa première rélation sexuelle a été forcée. On calcule que le 80% des agressions restent silenciées, puisqu´elles ne sont pas dénoncées par peur ou par la certitude que la dénonce ne sera prise en compte. Plus de 300 femmes ont été tuées pendant les dernières années à Ciudad Juarez (Mexique). Cette ville de frontière constitue un exemple regrettable de fémicide, d´impunité, de misogynie et de barbarie. De l´autre côté du continent, à la province de Buenos Aires (Argentina), on calcule que dans 120.000 maisons il y a de femmes qui sont maltraitées, et pendant un an on enregistre plus de 50 homicides de femmes entre les mains de leurs couples. Dans notre pays, on calcule qu´entre 5.000 et 8.000 violations se sont produit par an. Selon les spécialistes en violence, dans le monde entier, un de chaque cinq jours d´absence féminine au travail est la conséquence d´une violation ou de la violence doméstique.
Les femmes constituent le 70% des 1.500 millards de personnes qui vivent dans la pauvreté absolue dans le monde entier. Les paysannes sont les chefs d´une cinquième partie des familles de la campagne, et dans quelques régions, jusqu´en plus d´un tiers de celles - ci, mais elles ne sont propriétaires que d´un 1% environ des terres, tandis que le 80% des aliments basiques pour la consommation sont produits par les femmes. En Amérique Latine, ce sont 154 millions de femmes les plus pauvres d´entre les pauvres.
Pendant le dernier an, 13 millions d´enfants ont mouru par faim dans le monde entier: c´est une chiffre six fois majeure au total de victimes qui a provoqué la Première Guerre Mondiale en 1914 et 1918. La plupart de ces enfants sont de filles, beaucoup d´entre elles sont latinoaméricaines.
La valeur et le volume du travai doméstique non rémunéré équivaut entre le 35% et le 55% du PBI des pays. La production doméstique répresent jusqu´au 60% de la consommation privée. Ce travail non rémunéré est subi presque absolument par les femmes et les filles.
Selon un rapport de l´ OIT, le taux de chômage urbain dans le continent a atteint vers la fin de 2002 à 17 millions de personnes, affectant particulièrement les femmes. D´autre part, les femmes travailleuses travaillent en situation de plus en plus précaire: non seulement elles touchent un salaire entre 30% et 40% mineur à celui des hommes par un travail égal, mais que, à la plupart, elles n´ont pas du Sécu ni de rétraite.
Si les féministes ont participé et si elles ont réussi d´introduire des modifications dans les legislations de nos pays par rapport au divorce, la patria potestad partagée, la participation proportionnelle dans les postes publics électifs, etc., la réalité montre qu´on est encore très loin de solutionner avec les lois les situations concrètes des femmes du continent.
Ainsi que les chiffres frissonnantes de l´horreur et les récits de la barbarie qui souffrent encore de millions de femmes latinoaméricaines sont une réalité sinistre, il n´est moins vrai que les femmes sont de pied et elles restent les protagonistes incontestables de la résistence et l´affrontement contre cette même barbarie, comme les femmes paysannes, les femmes aymaras et les travailleuses mineures de la Bolivie l´ont montré récemment.
L´éclatement des modèles économiques "néoliberaux", au début du siècle XXI ont donné lieu à un surgissement de la mobilisation dans le monde entier qui s´est accompagné par une tentative de dialogue du féminisme avec d´autres mouvements sociaux. La participation des féministes dans les mobilisations mondiales contre la mondialisation dans chaque un des sommets des gouvernements impérialistes, des organisations multilatérales et des autres réunions où on définit, dans une grande mesure, les destins de l´humanité, sont un fait nouveau des dernières années. On a pu remarqué le même fait dans notre pays pendant les journées de décembre 2001 - qui ont constitue l´une des expressions les plus aïgues de la lutte de classes de la période - où les féministes ont réapparu avec leurs drapeaux distintifs au milieu des mobilisations populaires. D´autre part, la "conversion" autocritique de beaucoup de féministes "institutionnalisées", se posant à nouveau les fondements de leur pratique, a été partie des nouveautés de la dernière période, au - délà de l´autenticité ou l´opportunisme de leurs nouvelles positions.
Si le féminisme latinoaméricain n´a pas l´ambition de transformer la réalité du continent, souffert par des millions de femmes qui ne connaîssent pas leurs premices mais qu´elles affrontent jour à jour la faim, l´exploitation, la violence, l´abus et l´humiliation, il sera donc réduit aux élaborations académiques, aux "lobbys" politiques et à fournir des "cadres" à la technocratie de genre qui s´est incorporée aux gouvernements et aux organismes multilatéraux.
La plupart des féministes refuse aujourd´hui le chemin d´autoexclusion qui a divisé, dans un grand nombre d´occasions, au mouvement féministe du mouvement de femmes à travers une forteresse inexpugnable. On pourra traverser le chemin de l´unité et de la comprehension qu´il n´aura pas d´émancipation des femmes de cette barbarie où nous vivons si on ne finit pas avec ce système qui exploite et opprime à des millions, reproduisant le patriarcat à son profit?
Combien de féministes pensent que, comme le signale Alda Facio dans le document de la dernière Rencontre Féministe dans le continent, "on doit se monter sur le train du futur socialiste"?
La réponse est dans les rues d´un continent où les femmes souffrent l´oppression avec de chiffres et de traces ineludibles. La réponse est dans les rues d´un continent où les mêmes femmes coupent les routes, prennent les usines, remplissent les places et crient leur rebellion.

[1] La défaite des Etats - Unis au Vietnam, le Mai Français, le Printemps de Prague, l´Automne chaud italien sont des événements fondamentaux dans lesquels on peut observer ce premier soulevement des masses d´Orient et d´Occident contre l´ordre imposé par les accords de Yalte et Postdam entre l´impérialisme et la bureaucratie staliniste, à l´issue de la II Guerre Mondiale. Dans cet article, nous faisons référence aux phénomènes de la lutte de classe sur notre continent dans le cadre de cette situation internationale.
[2] Kissinger, Henry, "La diplomacia".
[3] A la fin de 2002 s´est réalisé le 9º Rencontre au Costa Rica.
[4] Le document "De l´amour à la nécessité" fut réalisé collectivement pendant l´atelier sur Politique Féministe en Amérique latine Aujourd´hui, du IV Rencontre Féministe Latinoaméricaine et du Caraïbe, Taxco, Mexique, 21 octobre 1987. Les participantes étaient Haydée Birgin (Argentine), Celeste Cambría (Perou), Fresia Carrasco (Perou), Viviana Erazo (Chili), Marta Lamas (Mexique), Margarita Pisano (Chili), Adriana Santa Cruz (Chili), Estela Suarez (Mexique), Virginia Vargas (Perou) et Victoria Villanueva (Perou). Les adhérentes étaient Elena Tapia (Mexique), Virginia Haurie (Argentine), Verónica Matus (Chili), Ximena Bedregal (Bolivie), Cecilia Torres (Equateur) et Dolores Padilla (Equateur).
[5] Chiffres de 1992.
[6] ATEM, Asociación de Trabajo y Estudio de la Mujer (Association de Travail et Etude de la Femme).

7 comentarios:

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